Littérature

Emma Rovski, roman

Emma-RovskiJ’ai écrit « Emma Rovski » car je pensais (je le pense toujours !) qu’il est incroyablement difficile de trouver un bon roman. « Emma Rovski » est en ce sens une revanche – non pas une revanche d’écrivain mais de lectrice frustrée ! Mot d’ordre : « Surtout, ne pas ennuyer ! » Jouer de tous les styles (littéraires ou parlés, tous les coups sont permis…), manipuler mes personnages, mailler mon histoire, monter progressivement ma sauce, faire fi des dernières modes (écriture introspectivo-ombilico-narcissique ; genre sanguinolent, obscène, trash, déjanté ; propos violents, histoire haineuse…) croire en ce que j’écris et – tant qu’à faire… – peindre toute la palette des émotions : faire rire, faire pleurer, oser parler d’amour et susciter l’espoir. « Emma Rovski » est un jeu, un puzzle. « Emma Rovski » est une saga, un film, où légèreté et gravité se mêlent, où les destins se croisent, où le hasard, la Rédemption et les fantômes existent ; où la vie est toujours la plus forte. De 1940 à nos jours, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par la France, l’Allemagne, « Emma Rovski » est un roman que j’aurais adoré lire… si je ne m’étais pas mis en tête de l’écrire !

Frédéric Laurent, désormais, n’écrivait plus. Il vivait de ces mariages qu’il photographiait, inlassablement. Un ami, futur bagué de la vie, lui avait demandé, il y a trois ans de cela, s’il pouvait instantanéïser le grand jour. Il avait répondu oui, bien qu’étrangement il ne se soit jamais livré à l’exercice. Les vitrines dépressives des photographes professionnels où la niaiserie propre des enfants fait la nique aux appareils dentaires des communiantes, où baptêmes et barmitsva se confondent et où, surtout, dentelles trop blanches, bouquets roses et pièces montées, sourires éventrés, regards contents, partouzent sans le savoir sur quelques centimètres carrés, l’avaient détourné de cette inépuisable source rémunératrice (…)

Depuis, pourtant, il puisait dans chacun de ces jours de fête une inébranlable certitude : celle de rappeler à jamais, en bonheur égrené album après album, page après page, à un nouveau foyer, peut-être à une grande famille, à de futures générations – descendants d’ancêtres, historiens, sociologues, antiquaires, nostalgiques ou curieux – à d’autres hommes d’un autre siècle, leur rappeler tous, le goût trop dense de l’union. Il participait en dieu discret aux mystères de l’Amour, à ceux du temps et de notre humanité éphémère. Il avait simplement trouvé sa manière d’être au monde, de faire quelque chose d’important…

Emma Rovski – Editions du Moine Bourru – 2000

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Place Assise, roman

Place-assise« Rhuands me vit et me sourit à son tour, pointa un index boudiné mais raide vers moi, index qu’il retourna, replia et déplia plusieurs  fois,  du  genre : « Et vous, je vous sonne, venez par là… » J’aime pas qu’on me cause comme ça. Au journal, ils le savent tous ; je suis du genre cool mais mieux vaut parler au conditionnel avec moi, ne pas oublier les sempiternels s’il te plaît, merci et autres « est-ce que tu pourrais… » (…) L’index de Rhuands était un de ces doigts capitalistes, à la fois didactique et accusateur, un index aliénant, en quelque sorte. Je souris timidement, comme tous mes clignotants personnels m’enjoignaient de le faire, le temps d’un rapide calcul : 47, 5 % d’un capital de plus de 18 millions d’euros… ça nous fait, ça nous fait… plus de huit millions … huit millions d’euros plus mon super job et le salaire qui va avec, ma presque quarantaine, notre mutuelle d’enfer, vas-y accroche-toi pour retrouver la même chose ailleurs, ouais bon, ben ça vaut peut-être pas la peine de se fâcher… »

Marie-Rose choisit donc de vivre. Marche, grandit, bascule, s’oublie, se révèle, s’éveille, devient. Jusqu’à trouver son propre point d’équilibre – sa place réservée, sa place assise. Un roman juteux et souriant, itinéraire de femme fantasque, énorme farce faite à la vie.  « Place Assise » a été salué par une bourse d’encouragement du Centre National du Livre.

« Je ne compris pas tout de suite où j’étais ; je ne devais le comprendre que plus tard, en fin de journée. Mais je sus dès la descente d’avion, que j’avais passé la frontière, quitté mon pays, que cette terre-ci était douce et tiède, que la nuit venue, les grillons chantaient, que la mer était proche, le passé ancien, les gens aimables, que l’on s’attardait, le soir, au seuil des maisons, que dans les cafés, on reprenait depuis des siècles, les mêmes ritournelles, que les gosses vivaient dans la rue, que les villages étaient posés sur des collines, que le vin était bon, le pain blanc, les femmes belles. J’étais quelque part. Quelque part dans un pays qui sentait le melon, la tomate, l’ail, le basilic et surtout, les conifères. Oui, ça sentait le pin, le sapin ou plutôt, la résine, à la descente de l’avion. Pas une résine froide, figée, plaquée sur son tronc, une résine de montagne glacée par l’hiver, une résine à la Vosgienne ou à la Valda ; non, une résine tiédie, qui coule, s’abandonne, se livre au soleil, le soleil qui l’ouvre et l’écrase, qui l’offre au vent et le vent qui ne chasse rien, qui ne tempête pas, le vent qui la prend, l’enveloppe, la soulève, la porte, l’emporte, ailleurs, doucement, comme le dieu des parfums. Et la terre entière, le ciel bleu, les pierres, les routes, les cours d’eau, les prairies, les champs, les maisons, les jardins, les enfants qui courent nus, les femmes aux cheveux bruns, les melons, les tomates et le basilic, qui happent, qui respirent, se repaissent, se nourrissent de cette même tiédeur, qui deviennent tous et toutes cet unique parfum, ce parfum qui dit tout, qui parle pour les autres.

Je sais où je suis. Je suis là où tout a commencé. Là où les hommes se sont battus, ont creusé des puits, érigé des forts, bâti des temples, peint des palais, sculpté des visages. Là où des livres ont été écrits ; où le monde s’est ouvert. Là où l’homme moderne – l’humaniste, l’éclairé ; pas le loup, la bête – est né. Je suis là où aujourd’hui les touristes se pressent, s’agitent, s’étonnent, avides de ruines, d’histoire, de passé : quelque part en Méditerranée. »

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A souligner que « Place Assise » fait partie de la Collection SoWmE, la collection qui ouvre les entreprises à l’univers des mots.

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Miettes de crabe, récit

« Quoi, encore un livre sur le cancer ? » Miettes-de-crabeVoilà, ce qu’on va me dire. Le cancer, soyons honnête, a le vent en poupe. Faut avouer aussi qu’on a tous un ou deux cancéreux, plus ou moins lointains, à raconter, en réserve. « Moi, ma tante… » ou « Au boulot, je connais quelqu’un » Et l’un, en général, est mort tandis que l’autre est vivant. Bref, pas de quoi pavoiser, le cancer tout le monde connaît. On pourrait dire, de ce point de vue-ci, qu’à moins de vouloir surfer honteusement sur cette vague, quand le cancer croise notre route, on a, au fond, une seule chose à faire : se battre et la fermer. Surtout, pas écrire un énième bouquin sur la bêbête…

Pour ma part, rien ne s’est passé comme je voulais. Le truc m’est tombé dessus, j’avais rien demandé. 37 ans, mariée, 3 enfants. La chose a choisi d’investir le père et «médicalement et physiologiquement» parlant de m’épargner.

Je n’y peux rien, depuis que je sais écrire, j’écris : l’occasion était trop belle. Notez bien que connaissant l’incroyable faculté d’occultation de la mémoire, il s’agissait juste pour moi de noter ce que j’étais susceptible, justement, d’oublier. Les toutes petites choses de la maladie. Une jolie phrase. Un geste un peu mou. Une parole d’enfant. Rien d’intime, ni sanglots, ni pathos. Un journal de bord sans bords. Juste « mon » ou plutôt « notre » quotidien. Le reste (parlons peu, parlons bien : 25 chimios, des mois de radiothérapies, morphine à gogo, la mort en face, les adieux, la perspective veuve et orphelins etc.) je ne l’oublierai pas : à quoi bon le noter ? Et puis, trois ou quatre ans plus tard, quand les dés furent jetés, le coeur suturé, l’âme guérie, j’ai mis « Miettes de Crabe » en ligne. Et là, les témoignages et les mercis ont commencé à affluer. L’idée a fait son propre chemin : ce récit impressionniste, tout en retenue, parfois poétique, souvent froid voire clinique, à la fois intime et distancié mais au fond lumineux et gai, serait-il publiable ? Mon éditrice m’a immédiatement dit oui. Elle a osé ! Ainsi est paru ce livre qui n’aurait jamais dû être publié…

Je garde sans le dire notre amour. Le plus laid, le plus beau, le plus intime, je n’en parle pas.

Je garde sans le dire notre amour. Sans m’y rendre, sans le confondre.

Les mots ont le pouvoir étrange de se ressaisir de leur récit, de devenir en quelque sorte propriétaires de l’histoire qu’ils disent. Ce sont de gentils assassins. On finit par oublier ce que l’on a vécu : on les croit. Je crains cette falsification de petits dieux.

Je ne saurais raconter notre histoire – on la devinera, pourtant, en filigrane. Je te le répète : je garde sans le dire notre amour. Sans m’y rendre, sans le confondre.

Je te reste fidèle. J’écris mais je me tais. Je te retiens.


Un matin, en semaine. Le petit déjeuner sur la table de la cuisine. Deux enfants assis ; un troisième, en haut, qui se réveille. Tu es debout, à côté du tiroir à couverts. Tu pestes, un couteau à la main, contre le cuir de ta ceinture dans lequel tu as du mal à percer un nouveau trou. Bien sûr, un cran en moins. Le cancer a un goût à la fois étrange et quotidien.


Tu jouais de la guitare.

Je continuais à chanter.

Comment faisait-on ?

Etait-ce donc supportable ?


Memento mori

Il avait les mollets assez poilus

et des yeux de fille.


 Un lundi soir, une dure journée. Un rhume qui traîne, de la fièvre peut-être, des étudiants ignares, des heures passées debout à faire semblant d’y croire, de la craie aux manches de ma veste, la tiédeur de la maladie, celle du métro, et par-dessus tout, la double sensation d’être sale, sale de l’intérieur, et d’avoir raté quelque chose.

Je vais chercher Alex au judo. Il est huit heures du soir. Oui, dure et longue journée. Rien à en retenir. Rien qui me dise « c’est bien », rien qui m’oblige. Ni fondement, ni nécessité. Vivement la nuit. Le sommeil. Cette petite mort.

Mais Yolande et Carine sont là, devant la grille ; elles me voient. Yolande me saute au cou, se colle à moi, m’embrasse en riant. Carine m’apprend qu’elle a la diarrhée. Je compatis. Je serre Yolande dans mes bras, l’embrasse très fort sur la joue. Dis à Carine en me marrant que le judo c’est excellent contre la diarrhée. Une bonne prise et hop ! ça bloque les intestins. On rigole toutes les trois. Yolande bave un peu. Carine dévoile son sourire de cheval. Yolande et Carine sont, comme on dit pudiquement, « handicapées mentales ». Ce soir, elles sont ce que je cherche : et la raison, et l’essence de l’humanité.


« Les oiseaux voient beaucoup mieux Dieu que nous… » Marc, 6 ans.

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Ange Movie, roman quantique

Ange-Movie« Le médecin m’a regardé, a tenté, je crois, de discerner quelque chose en moi qui ressemblât à de l’intelligence, de la foi ou de la lucidité, a dû y voir tout cela puisqu’il a décrété après deux secondes d’évaluation : « Je vous arrête » (comme s’il était flic et moi, meurtrier), « Une chimiothérapie ne servirait à rien, une radiothérapie vous fatiguerait », suivi d’un phénoménal « Profitez de la vie ! » »

Parce qu’il se sait condamné, Nathan ose enfin devenir celui qu’il est : un fou, un Homme, un maître. Avec l’aide d’un ange facétieux, cinq autres personnages le suivront lors de son dernier voyage. Ange Movie est un roman quantique où chaque récit, chaque voix, chaque « tesselle », recomposent la mosaïque blanche de la vie. Un récit choral sur fond de road movie où chaque chose est à sa place.

« Il est des anges exigeants qui se complaisent dans l’exécution lourde de leurs tâches. Les anges de la volonté, de l’effort et du discernement sont ainsi. Ils travaillent au forceps, accouchant les hommes comme des mécanos. Dans la contrition, le pardon et l’ordre. Face à eux, les hommes s’obligent dans la douleur : abnégation, flagellation et autres ascèses. Les anges farceurs ont la faiblesse des petits. Ils ne volent pas aussi haut que ces anges rédempteurs. Ils chatouillent les âmes car ils ont peur de blesser. Ils ne font que passer. Ils savent bien ce que c’est que pleurer. C’est tellement triste, un homme désolé. Peut-être que personne ne les remarquera, qu’ils donneront sans merci. Qu’importe. Ils pétillent comme de minuscules soleils et sont heureux ainsi… »


« Quant à elle, la voici, renommée par l’amour. Je m’appelle Véronique, j’ai découvert hier que j’étais vivante et que je pouvais danser ; tu m’as regardée, je me suis abandonnée à tes yeux et, dans ce mouvement improbable qui me rendait à moi-même tout en me donnant à toi, cette nuit, j’ai rejoint le fleuve, fait le choix de l’amour, compris sa nécessité, abolissant mes distances, cessant toute mesure, oubliant mes poids. Reddition de mes sommes (…) Et je me suis levée, confondue, j’ai aimé, j’ai compris et je marche maintenant sur la crête de la vie. Je nage et je danse. Et parce que tout procède de ce même mouvement, ma danse contribue à toutes les vies, celles qui existent déjà, comme celles à venir parce que, justement, je danse. »

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